vouloir se démarquer. c'était peut-être ça au fond mon but. vouloir être différente car on est née comme tout le monde. finalement c'est le but de chacun sur cette planète. vouloir attirer l'attention, se démarquer d'une autre façon que les autres. pouvoir briller de sa propre façon. et je n'étais pas différente des autres. née avec une cuillère en or dans la bouche, je n'ai pas vu beaucoup de choses à part la luxure. si certains enfants cherchent à s'enfuir de ce monde doré, moi j'ai préféré rester là-bas. mais je n'étais pas une de ces enfants pourries gâtées. mes parents n'étaient pas non plus ces genres de bourgeois qui regardent les gens de haut ou alors qui ne sont jamais là pour leurs enfants. il n'y avait rien de tout ça dans ma famille. chez les lennons, nous étions tous soudés. on s'aimait beaucoup et mes parents essayaient de passer le maximum de temps avec moi. ils ne me gâtaient pas trop car ils ne voulaient pas que je devienne une fille superficielle. et ils avaient raison de faire ça. c'est donc ainsi que j'ai passé mes années avec ma famille. être aimée et aimer en retour. pourtant l'amour et moi ça a toujours fait deux. peut-être que le fait de devoir s'engager ou de devoir souffrir à un certain moment me faisait peur ? c'est peut-être ça. mais comme toutes adolescentes, j'ai été obligé de tomber amoureuse. il s'appelait thomas. il avait cinq ans de plus que moi, mais nous avions toujours été très proches. en même temps il était mon voisin alors notre enfance se résumait à trainer ensemble chez lui ou chez moi. thomas a été sûrement le premier homme avec lequel j'ai été le plus proche. tombée amoureuse de lui a été assez naturel. quand on entre dans ce que l'on appelle l'adolescence ou la puberté, on développe certains sentiments et certaines attirances envers le sexe opposé. au lycée la plupart des mecs étaient de purs idiots qui réfléchissaient plus par leurs bijoux de famille que leurs cerveaux. mais thomas il avait toujours été différent. d'un côté il était plus grand, plus âgé et plus mature. c'était peut-être ce qui m'avait le plus attiré chez lui. mais aussi le fait qu'il avait toujours été là pour moi. surtout au collège enfaite. comme beaucoup d'enfants venant d'une famille modeste, j'étais inscrite dans un collège pour filles privé et catholique. et malheureusement je n'étais pas des plus aimées ni des plus populaires. c'était peut-être car j'avais ce style décalé ou parce que je fumais déjà. ou peut-être car j'aimais faire des bêtises, aller contre les règles ? dans tout les cas, ça ne plaisaient pas aux filles de l'école qui rêvaient tout simplement de pouvoir m'étrangler. tout les soirs je rentrais avec des griffures ou des bleus. des fois j'avais même la lèvre fendu et alors que je mentais à mes parents en disant que j'étais tombée en sport et autres conneries, thomas lui savait la vérité. je sais pas comment il faisait, mais il savait lire en moi. j'avais pas besoin de lui dire grand chose, il savait comment je me sentais, ce qu'il s'était passé. alors le soir, il venait me voir après le repas. il montait par cet arbre en face de la fenêtre de ma chambre et il me prenait dans ses bras en me disant que j'étais la meilleure et que je ne devais pas faire attention à ces garces. je me laissais alors transporter dans un ailleurs avec lui. son odeur, sa chaleur, son étreinte qui me faisait ressentir mille et une chose. pour moi thomas était mon homme idéal. mais bien sur à l'époque je n'avais que seize ans et lui vingt et un. il était majeur et moi mineure. il était un adulte et moi une enfant. et c'est ainsi qu'il me voyait. de nombreuses fois j'avais essayé d'installer des ambiances ambigus entre nous. mais rien à faire, il me traitait comme la gamine que j'étais alors que moi je voulais paraitre adulte à ses yeux. les sentiments sont partis petit à petit après son départ en france ou il était allé faire ses études par un échange universitaire. j'avais beaucoup souffert de son départ, mais je m'étais dis que c'était peut-être mieux ainsi. finalement on sera peut-être jamais parfait aux yeux de la personne qu'on aime. mon premier amour a donc été un désastre complet. après ça j'ai bien eu des petits copains, mais rien de bien sérieux. d'ailleurs c'est ce qu'ils me reprochaient tous. de ne pas les prendre aux sérieux, de ne pas prendre notre relation au sérieux. moi ça me faisait rire. c'est peut-être méchant, mais j'avais bien essayé de tomber amoureuse. de pouvoir ressentir ses papillons dans tout le corps, de ne pas pouvoir dormir car nous ne sommes pas à côté de la personne qu'on aime. j'avais voulu ressentir tout ça, mais je n'y arrivais pas. peut-être que c'était la faute de mon père au final ? lui qui avait trompé ma mère et qui était finalement parti. mon seul modèle d'amour était sali par l’infidélité. mais peut-être que c'était juste une raison que je me faisais. de toutes façon je m'en faisais dix mille. puis il y a eu cette fracassante dispute avec ma mère. elle me tenait en laisse depuis que mon père était parti et moi je ne voulais être le toutou de personnes. j'ai donc fais mes valises et je suis partie vivre chez mon oncle. il a toujours été comme un second père pour moi et en plus il a cette même âme artistique que moi. je sais que je devrais me réconcilier avec ma mère. mais tant qu'elle reste aveuglée par le pêché de mon père, je ne crois pas que je peux faire grand chose pour elle. du moins pas pour l'instant. j'ai mes propres problèmes que je dois résoudre.