(holly) pop that lock.

nom :

Les voisins se souviendront encore des frasques des gamins Southey dans dix ans. Ils n'en épargnaient aucun de leurs farces débordantes de créativité. De toutes les façons, maman et papa s'occupaient de s'excuser. Ils frappaient aux portes, la bouche en cœur, apportant des gâteaux mi-cuits, mi-brûlés, et rentraient chez eux plus coupables, malgré tout reconnaissants de la générosité de ces gens. Maman et papa ne symbolisaient plus aux yeux des autres qu'une œuvre de charité, une action de bienfaisance qui lavait l'auteur de tout péché.

prénom :

Les sages-femmes l'appelaient Bethzy, ce bébé un peu joufflu, à pleurer, hurler, réclamer sans interruption son biberon. Papa dépassa même la date pour inscrire sa fille à l'état civil. Maman voulait du vieillot, un héritage des grands-parents. Lui préférait Ana, sans accorder précisément de sens. Holly, enfin, apparut de nulle part, d'un rêve probablement, tel qu'ils content ses origines aujourd'hui.

née le :

Dix-sept août, sous un soleil de plomb, les nuages gris à l'horizon, la menace d'un orage explicitée au bulletin météo du soir. Tout à son image. Il y a vingt-six ans. Plus assez jeune, ni assez vieille.

à :

Rosedale. Même si elle voulait quitter le bayou un jour, même si elle voulait se tirer de cet endroit, découvrir l'inconnu, confronter les cultures, même si elle voulait voir Times Square et Brooklyn, elle en serait incapable. Il n'y a qu'à Rosedale qu'elle sent être à sa place, toute entière par son cœur et par son âme.

état civil :

Elle aime les hommes, Holly, les vrais, virils, musclés. Et son indépendance aussi. Trop pour se fidéliser, ou pour s'abonner. Alors elle vit, célibataire, libre, sans attache, dans les bras d'inconnus, ni noms ni numéros (parce qu'elle y tient, à la règle des one shots) et les sentiments jetés à la mer. À l'amer.

activités :

On la destinait à la sociologie, cette petite étudiante échappée, ce petit bout d'enfant qui, à trois ans déjà, se plaisait à rêver. Mais Holly a fini derrière le bureau pour taper quelque dictée rasoir, trier d'épais dossiers, rarement des happy endings, et répondre aux coups de fil. Holly travaille en tant que secrétaire juridique. L'avocat, son patron, se met peu d'histoires sous la dent et joue les notaires à l'occasion.

réputation :

Holly est une figure moderne d'Elizabeth Bennet. On jalouse son authentique beauté et sa brillante intelligence. Mais Dieu sait que beaucoup songèrent à lui offrir le Manuel du savoir-vivre, une cure de bonnes manières ; qu'elle guérisse son sarcasme éreintant, sa franchise blessante et sa fierté dérangeante. On l'aime, Holly. Seulement, peu réussissent à tenir son rythme, comprendre ses revirements de situation et son terrible - son putain - de caractère.

Holly ne suivait pas son cursus universitaire. Holly planait, Holly changeait. Elle s'entoura des mauvaises fréquentations qui lui ouvrirent les portes d'un monde qu'elle ignorait alors, de l'infernal cycle du jeu, des paris, de l'argent sur la table. Holly divaguait, éprise d'un étudiant un peu plus âgé, puis d'un professeur, enfin d'un époux infidèle qui la rendait complice d'adultère. Quand elle se regardait dans le miroir, Holly ne se reconnaissait plus. Elle ne voyait qu'une petite bourgeoise touchant l'overdose du bout des doigts. + Adolescente, Holly réalisait des court-métrages, dont un qui remporta le premier prix d'un festival. Holly voulait expérimenter. Derrière la caméra, elle se remplissait subitement d'une douce liberté. Parce qu'Holly a toujours aimé créer, et avec du recul, se satisfaire d'avoir osé, d'avoir agi, d'avoir été à l'origine de cette idée. Holly aime le contact avec la nature. + Mais Holly, ça ne l'empêche pas d'avoir ce côté superficiel qui attire. Son physique aux premiers abords. Holly en joue, charme, séduit, tente. Elle veut plaire, Holly, en endossant le rôle de femme fatale, d'une Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn. + Holly a surtout peur. Elle rêve des fois que les scientifiques trouvent une magie, un élixir de vie, d'immortalité. Elle rêve parfois que le temps puisse se figer, pour mieux profiter du présent, accomplir ses souhaits. Elle rêve de vivre calmement, sans le poids de cette angoisse, du destin ou de la fatalité. Holly ne réfléchit pas aux conséquences. Elle est là et ne s'embarrasse pas. + Si Holly lit beaucoup, à une vitesse étonnante, elle garde pour elle chacune de ses lectures. Il faut dire qu'elles ne sont pas banales, pour un aussi joli bout de femme. Parce qu'Holly ne supporte pas les romances et les comédies. Holly se fait peur, Holly se tourmente, Holly enquête, et apprécie à l'occasion quelque littérature érotique. Holly a besoin de se faire surprendre. Elle s'ennuie des clichés et des intrigues qu'on dénoue à l'avance. Elle préfère remplir son quotidien de petits riens, plutôt que couler des jours paisibles qui ne lui requièrent aucun effort.

pseudo :

Masquerade.

prénom :

avatar :

Imogen Poots.

left, right, step up to the spot light.

Elsa la retrouva en terrasse d'un café, son regard lançant quelque étincelle de colère. Holly, pourtant, ne releva pas et esquissa un sourire. Elle commanda un Monaco tandis que sa sœur demanda un simple verre d'eau. Dès que le serveur tourna les talons, Elsa s'approcha de Holly afin de ne pas élever la voix, malgré son ton de réprimande. « Quand je te présente à mes collègues, j'espère un minimum de politesse de ta part. » Holly étouffa un rire nerveux et, réceptionnant sa boisson, en but une gorgée. Elle ne se résoudra pas à se montrer courtoise envers un individu à l'évidence peu disposé à découvrir les mœurs chaleureuses de Rosedale. « Petit con ! » Elsa ne cacha pas sa surprise. Holly, prise au dépourvu, mit une main devant sa bouche. Dieu qu'elle haïssait ces pensées inconscientes qui surgissaient sans crier gare. D'un même temps, son orgueil mal placé ne la faisait guère regretter cette insulte néanmoins injustifiée. « Je ne me souviens pas qu'il t'ait manqué de respect. Alors s'il te plaît, promets-moi que tu retourneras au bureau lui présenter tes excuses. » Holly soupira. Depuis ses fiançailles et ses projets d'enfant, son aînée s'avérait être particulièrement maternelle, plus dans l'injonction que dans le conseil. « Bien sûr. Je peux aussi lui acheter un cadeau. » Elsa se leva de sa chaise après avoir fini son rafraîchissement, se décidant à retourner travailler. Holly ne changerait pas d'avis. Ce que ça l'agaçait, Elsa, lorsque sa cadette se faisait sur les gens une idée fixe et ne leur laissait pas la possibilité de lui prouver leur bon sens. « Tu sais que je serais toujours de ton côté et t'en profites. » Vexée par l'accusation, Holly ne se donna pas même la peine de saluer sa sœur et se replongea dans son carnet de dessins, sur lequel elle avait commencé à croquer un paysage, mêlant gris sale et beauté mystérieuse. Son art ne jouait que peu sur les couleurs mais, étrangement, ses réalisations ne peignaient pas une atmosphère lourde et angoissante. Des curieux tentaient de se pencher au-dessus de son cahier pour en discerner les tracés. Mais Holly refusait catégoriquement d'ouvrir sa passion au monde et se penchait sur son esquisse, comme une enfant prise en faute, du moins sous l'égide d'une timidité extrême. Un comportement, visiblement, qui semblait amuser la galerie ; certains cherchaient d'ailleurs encore à percer la coquille dans laquelle la demoiselle s'enfermait à cet instant.