« Maman, il est où papa ? » Une question innocente. Une question dont Astrid aurait aimé avoir la réponse. Une question que tous les autres enfants de son école lui pose. Elle n'est pas normale. Elle n'a pas de père. Voilà le genre de réflexion que la fillette doit faire face. Cela ne l'a jamais touché. Pas trop du moins. Elle se posait la question de temps en temps, mais n'a jamais osé demander à sa mère. Du moins, jusqu'à présent. Elle regrettait déjà d'avoir posé cette question. Le regard de la mère de la fillette avait changé. Astrid l'avait remarqué. Elle pouvait voir la tristesse dans les yeux de sa mère. Oui, elle regrettait. Sa mère était en train de lui attacher son manteau, lui mettre le bonnet sur sa tête. Elle était prête pour aller à l'école. Du moins c'est ce qu'elle pensait. Sa mère était près de la porte, s'était arrêtée quelques secondes avant de revenir vers sa fille, lui enlevant le bonnet qu'elle n'avait sur la tête depuis quelques secondes. Astrid senti la main de sa mère se posait sur le front, elle s'était mise à soupirer.
« Tu as de la température. Pas d'école. On va voir le médecin. » Elle pris la main de sa fille et sortie de l'appartement à toute vitesse. De la fière ? Astrid ne se sentait pas malade. Mais si sa mère le disait c'était sûrement vrai. Pourquoi lui mentirait-elle ? Ce jour-là au lieu d'aller à l'école, elle était à l'hôpital. Oui, quand la mère de la fillette allait chez le médecin c'était toujours à l'hôpital qu'elle se rendait. Astrid détestait cet endroit. Cela lui faisait peur. Elle détestait les murs blancs, l'odeur de médicament dans les couloirs. Elle était dans une petite salle, attendant que le médecin arrive. Elle balançait ses jambes pendant que sa mère faisait les cent pas. Le médecin arrivait dans la salle, un dossier dans les mains.
« Alors Astrid, on ne se sent pas très bien c'est ça. Où as-tu mal ? » La fillette regarde le médecin légèrement abasourdi. Elle n'avait mal nulle part. Que devait-elle lui répondre. Elle n'a pas pu réfléchir très longtemps, puisque sa mère avait pris la parole.
« J'ai remarqué qu'elle avait de la fièvre. Et depuis quelques jours, elle a une perte d'appétit. J'ai entendu dire qu'il y avait un virus qui traînait dans son école. Elle l'a sans doute attrapé. Elle a une santé fragile. » Le médecin se tournait vers la mère de la fillette. Il regarda une nouvelle fois dans le dossier.
« Cela fait la deuxième fois que vous venez cette semaine. » Astrid regarda le médecin, puis sa mère. Elle avait l'air de s'inquiéter. Astrid ne compris pas pourquoi.
« Je vous l'ai dit, elle a une santé très fragile. » Le médecin regarda Astrid quelques instants avant de partir de la salle. Astrid regarda sa mère faire à nouveau les quatre cents pas. Elle était stressée. La fillette ne compris pas pourquoi.
« Astrid, remet ton manteau on va voir quelqu'un d'autre. » Elle pris la main de sa fille avant de quitter la salle. Ou du moins vouloir quitter la salle, puisque le médecin était revenu. Accompagnée d'une infirmière sans doute.
« Madame Deauclaire voulez-vous bien m'accompagner pour qu'on puisse discuter tranquillement. Ma collègue s'occupera de votre fille. » Astrid senti la main de sa mère se serrer. La fillette regarda attentivement la scène en ne comprenant pas ce qui se passait.
« Cela ne durera pas longtemps. » Elle lâcha la main de sa fille avant de partir de la salle. La fillette regardait l'infirmière qui lui souriait. Elle avait un mauvais pressentiment. Pourquoi le médecin voulait parler à sa mère. Elle n'était pas malade. Durant plusieurs minutes, l'infirmière était restée avec la fillette. Elle essayait de lui faire la conversation. Et ce n'était qu'au bout de plusieurs dizaines de minutes que sa mère et le médecin. Elle allait sans doute enfin rentrer chez elle. C'est ce qu'elle pensait du moins. Sa mère se baissa à sa hauteur. Ses yeux étaient rouges, comme si elle avait pleuré.
« Ta tante Clarisse viendra te chercher. Tu resteras avec elle un certain temps. Tu seras sage avec elle. » Elle acquiesça lentement. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait. Elle regardait sa mère quitter la salle. Elle l'entendit pleurer. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprit pas pendant un long moment. La personne malade dans l'histoire ce n'était pas elle, mais sa mère.
Un bruit de vaisselle cassé se faisait entendre dans tout l'appartement. Des cris aussi. Et ça depuis des semaines. Des disputes et encore des disputes. Apparemment le nouveau petit ami de sa mère n'était pas le prince charmant qu'elle pensait. Comme toujours. Elle avait allumé sa radio pour couvrir les cris. Cela ne suffisait pas. Ce n'était qu'un mauvais moment à passer. Comme toujours. Ce n'était qu'un de plus. Elle s'allongea sur son lit, mis son oreiller pour se boucher les oreilles. N'allaient-ils pas arrêter à un moment ? La réponse fut donnée lorsqu'elle entendit une porte claquer. Il était parti. Une autre question venait en tête pour l'adolescente. Était-il parti pour de bon ou était-ce temporaire. Elle souhaitait que ça soit pour de bon. Elle n'aimait jamais les copains de sa mère. Elles étaient bien mieux toutes les deux qu'avec un de ces types. Elle ouvrit lentement la porte de sa chambre lentement. Elle n'entendait aucun bruit.
« Maman ? » Rien. Elle avança dans le couloir à la recherche de sa mère. Elle était près de l'entrée. Assise contre la porte en train de pleurer. Elle s'approcha lentement et s'était installée en face d'elle. La mère de l'adolescente n'arrêtait pas de marmonner des choses incompréhensibles. Que tout le monde allait la laisser tomber au bout d'un moment.
« Maman, je serais toujours là. Je te le promets. » La mère d'Astrid leva la tête et enlaça sa fille.
« Oh Rose, tu me le promet vraiment ? » Rose. Ce n'était pas la première fois que la rousse entendait ce nom. Elle n'a jamais demandé pourquoi elle l'appelait ainsi. Mais l'adolescente ne fit comme si elle n'avait pas remarqué et lui avait souri en acquiesçant. Sa mère semblait aller mieux. Elle caressa doucement le visage de sa fille. Elle semblait aller mieux, mais avait toujours une expression inquiète sur son visage.
« Tu es pale ma chérie. Tu es sûre que ça va ? » Astrid avait un léger sourire sur son visage. Elle recommençait. Une fois de plus. Elle avait des épisodes. Ses médecins lui avaient dit que cela pouvait arriver. Il suffisait juste de ne pas rentrer dans son jeu.
« Je vais bien maman. Ne t'inquiète pas. » Elle avait toujours ce petit sourire.
« Par contre, toi tu es fatigué. Va dans la chambre, je vais préparer le repas pendant ce temps-là. » Sa mère se leva et s'était dirigée vers sa chambre. Elle la regarda partir sans un mot. C'était la première fois qu'elle a menti à sa mère. Elle lui avait promis que jamais elle ne la quitterait. Ce n'était pas le cas. Elle rêvait que de partir. De voyager. De voir autre chose. Et elle savait qu'elle devra laisser sa mère.
Elle avait plongé à nouveau. Doucement et lentement. Astrid ne l'avait pas remarqué. Elle avait profité qu'Astrid soit réellement malade pour recommencer. Les médecins de l'hôpital n'avaient pas fait attention, ils ont cru la mère. Et il y a eut des complications. Astrid est restée des jours à l'hôpital parce que les médecins ne comprenaiet pas pourquoi la santé de la jeune femme se dégradait. Au final, il essayait de la soigner pour un tas de maladie, alors qu'elle n'avait strictement rien. Elle était en pleine forme. Maintenant c'était autre chose. Son système immunitaire est bousillée. Astrid est réellement devenue la fille fragile que sa mère voulait. Durant des mois, elle avait un traitement. Il faisait effet au début. Seulement au début. Puis les médecins étaient tous d'accord, il lui fallait une greffe de moelle osseuse. Sauf que les personnes de sa famille - qu'elle connaissait du moins - n'était pas compatible. La greffe était une chose à oublier. Elle aurait aimé demande à sa mère des informations sur son père sauf que les médecins ne l'autorisaient pas à aller la voir. Du moins pour le moment. Et pour la seconde fois, elle habitait chez sa tante. Et c'est lors d'un repas qu'elle décida de se lancer. Demandant des informations sur son père. Ce n'était sans doute la meilleure chose à faire. Une dispute avait éclaté. Elle ne comprenait pas pourquoi faire autant de secret sur son père ou sur la vie qu'avait sa mère avant sa naissance. A croire que c'était une honte. Elle s'était enfermée dans sa chambre. Astrid était en train de dessiner lorsque sa tante est entrée dans la chambre. Elle s'était installée sur le lit de l'adolescente, tenant quelque chose dans les mains. Elle pris une grande inspiration avant de parler.
« Ton père s'appelle Arthur. Il était le meilleur ami du mari de ta mère. » Astrid regarda sa tête avec les yeux grands ouverts. C'est la première fois qu'on lui disait que sa mère avait été mariée. Elle ne l'a jamais imaginé en tant que femme mariée. Cela aurait été trop bizarre pour elle.
« Elle a toujours craqué sur lui. Et ça bien avant de sa marier. Mais il n'était pas vraiment le genre de personne à fréquenter. Elle a donc décidé de se marier avec quelqu'un d'autre. Elle a été heureuse pendant un temps. Sauf qu'elle a craqué et a trompé son mari. Ils ont divorcé au final. Et pendant un temps, elle est restée avec Arthur. Ce n'était pas vraiment une relation idéal. Tu es arrivée et il est parti. Ne le cherche pas, il ne t'apportera rien de bon. » Astrid avait laissé son cahier de croquis sur le côté, écoutant attentivement ce que lui racontait sa tante.
« Lui ne t'aiderait sans doute pas. Mais ta mère a eu deux enfants de son mariage ... » « Rose ? » Sa tante paraissait surprise qu'elle connaisse ce nom.
« Elle m'appelait comme ça de temps en temps. » « Rose et Niels. Leur père les a emmenés aux Etats-Unis, à Rosedale. Si j'arrive à les contacter, à leur expliquer la situation peut-être .... » Vu au ton de sa voix, elle savait que ce n'était pas gagné. Mais maintenant, elle comprenait pourquoi sa mère était si discrète sur sa vie passé. Sa tante lui avait passé la photo qu'elle tenait dans ses mains. Il s'agissait sûrement de Niels et Rose lorsqu'ils étaient enfants. Elle avait donc un frère et une soeur quelque part. Durant des semaines, elle ne demandait sans cesse à sa tante si elle avait réussi à les recontacter. Elle lui avait répondu que non. Sa tante lui cachait quelque chose. Elle le savait. Ses dix-huit ans approchaient. Elle serait majeure et ne serait plus obligée d'être sous la tutelle de sa tante. Alors peu de temps après sa majorité, elle a préparé son voyage. Un billet pour la Louisiane. Une valise avec des vêtements. Et elle était partie sans rien dire à personne. Juste en laissant un mot.
Il était là. Dans sa salle de cours. Il n'y avait personne dans la salle de classe. Elle aurait pu aller le voir. Lui parler. Lui demander. Au lieu de ça, elle s'était enfuie une fois de plus. Cela faisait plus d'un an qu'elle était à Rosedale. Plus d'un an qu'elle les avait retrouvés. Plus d'un qu'elle n'osait pas aller les voir. Elle ne voulait pas déranger. Un jour, elle savait qu'elle devrait le faire. A cause de sa santé. Mais une fois de plus, elle l'a repoussé. Préférant retourner chez elle. Dans son petit bungalow. Au calme. Du moins, où elle se pensait être au calme. Elle était dans la pièce qui lui servait de chambre, allongé sur lit, dessinant tranquillement. Et d'un coup de la musique avait retenti. Et ça recommençait. Depuis des semaines s'étaient la même histoire. Dès qu'il arrivait, il mettait la musique à fond. Elle n'était pas la seule à se plaindre. Elle l'espérait. Cette fois-ci, elle ne laissa pas passer. Elle était allée chez son voisin, frappant à la porte. Non pas une fois, ni deux, mais trois fois. Elle avait frappé trois fois et c'est seulement à ce moment-là qu'il ouvrit la porte. Cette fois-ci, elle allait bien lui dire que ça suffisait, que sa musique à fond dérangeait tout le monde. Enfin surtout elle. Il avait ouvert la porte. Il avait ouvert la porte, avait ce sourire qu'elle détestait sur son visage.
« Oui très chère voisine, que puis-je faire pour t'aider ? » Elle se mordait la lèvre. Elle le détestait du plus profond de son être.
« La musique. Je ... Je révise. Et ça me déconcentre. » C'était un mensonge. Elle ne révisait pas. Elle se reposait juste. Elle voulait un peu de calme. Ou juste un peu moins de bruit. Intérieurement, elle voulait se mettre une gifle. Elle devait être en colère, être énervée. Là, elle agissait comme une petite fille qui demandait l'autorisation pour faire quelque chose. Il s'était mis à rire avant de refermer la porte. Astrid était restée planter devant la porte. Sans bouger. Il était sérieux. En même temps, vu la 'menace' que la jeune femme lui avait fait, c'était plus que normal qu'il ait eu ce genre de réaction. De nouveau, elle frappa à nouveau plusieurs fois avant qu'il vienne à nouveau. Elle était prête à parler de nouveau, mais elle en eut pas le temps. Elle avait senti les lèvres du jeune sur les siennes. Il avait posé ses mains sur ses hanches pour l'amener vers lui. Ce baiser dura quelques secondes, mais cela lui avait paru durer une éternité. Elle s'était reculée avant de lui mettre cette fois-ci une gifle. Elle avait envie d'hurler. C'était son premier baiser et il lui avait volé ça. Elle s'était mise à courir en direction de chez elle. Ce type était taré. Ce n'était pas la première fois. Il avait essayé à de nombreuse reprise de la charmer. C'était un piège. Il était comme tous les anciens copains de sa mère. Et elle ne sera pas comme elle.