Comment dire que j'en avais marre de cette situation ? Quoique je commençais à croire que ça devenait pire qu'avant. Il était vingt-et-une heures trente et elle n'était toujours pas rentrée. J'étais inquiet. Ca me rongeait. J'étais assis sur le canapé à regarder la télévision. J'avais beau tenté de penser à autres choses, je n'y arrivais tout simplement pas. J'étais rentré vers seize heures, j'étais allé chercher Eliott à l'école. On avait passé du temps ensemble, je lui avais donné son goûter et j'avais joué avec lui jusqu'à ce qu'il dîne et qu'il aille au lit.... il y a une heure et demi. A présent, j'étais dans le canapé en train de changer sans cesse de chainé. Ca ne lui ressemblait pas, mais alors pas du tout. Les paroles de ma petite sœur résonnaient dans ma tête : elle cache quelque chose. Ca me tuait. Je pensais qu'elle aurait suffisamment confiance moi, qu'elle savait qu'il n'y avait aucun secret entre nous. Déjà qu'elle m'accusait limite de draguer une de mes élèves alors que ce n'était pas du tout le cas. Cette étudiante aimait juste l'histoire et elle aimait bien en apprendre plus que les autres. Je ne voyais pas du tout où est-ce qu'elle avait vu qu'il y avait autre chose. Tout cela était en train de me rendre fou. Je ne comprenais rien, et à chaque fois que je faisais face à un problème qui semblait coriace, je m'énervais facilement. J'entendis enfin la porte d'entrée claquée et je sentis mon cœur plus léger. Déjà, elle était là, c'était le principal. Je me levais, éteignant la télévision pour aller en direction du couloir. Dès que je la vis je ne pus m'empêcher de prendre la parole : « Mais tu étais où ?! Ca te prends souvent de ne pas prévenir que tu rentres beaucoup plus tard ?! J'ai vraiment passé trois heures à tourner en rond et à m'inquiéter ! » C'était surtout ça, j'avais eu peur. Peur qu'il lui arrive quelque chose. Je l'aimais, comme un fou. Je ne me voyais pas être sans elle et elle avait beau m'accuser à tort de tromperie ou autre, jamais je ne pourrais lui faire ça. Je l'aimais, et il y avait aussi notre fils, Eliott. Il n'avait pas à subir tout ça. Je passais une main dans mes cheveux en soupirant légèrement. « Je ne comprends pas. Je ne comprends plus. » Murmurais-je lentement. Ma petite sieur m'avait tout mélangé dans ma tête, je n'arrêtais pas de penser à tout et n'importe quoi, même aux choses les plus stupides. « C'est ça la prochaine étape : ne carrément plus rentrer à la maison ? » Je mordais légèrement mes lèvres. Ca me blessait son comportement. Du jour au lendemain c'était devenu ainsi, quelque chose d'incompréhensible. « Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu fais ça ? » Je me doutais que je n'aurai pas ma réponse, qu'elle m'engueulerait peut-être même, mais je m'en moquais. Je n''en pouvais plus.

Je ressentais encore cette douleur dans la poitrine, celle qui me brulait le cœur à chaque fois que je sortais de cet appartement. Ce que je faisais était, très mal, mais je n'arrivais pas à mettre fin à cette aventure. Je tenais à Peter, beaucoup trop pour lui dire que je n'arrivais plus à me regarder dans un miroir depuis que je le fréquentais. Le pire était la sensation que je ressentais lorsque je rentrais chez moi, car les deux autres hommes de ma vie m'attendaient fermement depuis plusieurs heures. J'aimais profondément Niels et Eliott, et je me détestais de leur faire ça. J'ai honte de mettre la culpabilité sur le dos de Niels, je savais très bien qu'il ne voyait pas la jeune étudiante. C'est juste beaucoup plus facile pour moi de lui reprocher ça. Une fois à la maison, il ne mit pas longtemps à manifester sa présence. Je lui répondis après avoir déposé ma veste et mon sac : « Je suis désolée de ne pas t'avoir prévenu, mais je devais rester plus tard au bureau pour terminer la mise en page. » Des excuses, toujours des excuses, je m'énervais moi-même à essayer de trouver des prétextes à mes absences répétés. Je pourrais tout lui avouer, lui dire que je voyais Peter depuis quelques mois, mais je n'étais pas sur de ce que j'éprouvais alors c'était prendre le risque de détruire ma famille définitivement. Rien ne pourrait l'empêcher de me quitter et de prendre Eliott avec lui, et cette idée m'est insupportable. « Pourquoi dis-tu ça ? Tu crois vraiment que je serai capable d'une telle chose ? C'est horrible ce que tu me dis. » Dis-je sous le choc. Je passais une main dans ma chevelure brune avant de m'avancer vers lui d'un pas lent. « Niels, tu sais que j'ai une vie en dehors de ces murs... en ce moment c'est plutôt compliqué au boulot... je suis désolée d'être autant sur les nerfs et de rentrer tard mais je n'y peux vraiment rien. » Je le sentais, j'étais sur le point de craquer, je ne supportais de le voir dans un tel état. Oui, je la sentais bien cette douleur dans ma poitrine.

Je ne voulais plus ressentir cette peur me prendre dans les tripes. Je ne demandais pas forcément qu'elle rentre tôt, si elle avait du travail je comprenais et je voulais juste qu'elle me passe un coup de fil. Au moins j'aurai l'esprit apaisé. J'avais donc sauté de mon canapé quand j'avais entendu la porte claquer. J'étais tellement soulagé de la voir. Non pas que je me faisais des plans comme quoi elle serait poursuivi par un psychopathe, mais j'étais vraiment rassuré de la voir dans le couloir. Je n'avais pas forcément hausser le ton mais je voulais qu'elle comprenne qu'elle m'avait fait peur et que je n'en pouvais plus de cette situation. Je me demandais si elle le faisait exprès, si elle prenait un malin plaisir à me torturer psychologiquement. J'espérais que non. Je soupirais de soulagement avant de la prendre dans mes bras. « Ne me refais jamais ça. Vraiment. » Déclarais-je dans un murmure. Mes mots avaient dépassé ma pensée à cause de la peur et de la colère. Je lui avais demandé si la dernière étape était de ne plus rentrer à la maison. Je ne savais même pas pourquoi j'avais dis cela et je l'avais blessé. Je m'en voulais éperdument. Pourtant, au fond de moi, je me disais qu'elle le méritait bien après m'avoir blessé plusieurs fois en sous-entendant que je la trompais. Je ne pouvais pas dire ça, je ne voulais pas que l'on se dispute comme on le faisait souvent ces derniers temps, on ne faisait que ça. « Pardon. Je ne voulais pas te blesser. Excuse-moi. » Fis-je en la serrant un peu plus contre moi. Cette proximité me manquait, on n'avait plus d'intimité depuis quelques temps, elle me repoussait à chaque fois et j'espérais qu'elle ne le fasse pas encore. Elle m'expliquait alors que je devais savoir qu'elle avait une vie en dehors de la maison et que depuis six mois elle avait beaucoup de travail. C'était pour ça qu'elle était sur les nerfs ? J'espérais car à force je me posais des questions sur moi-même. Je passais une main dans ses cheveux. Je m'en voulais vraiment d'avoir douté d'elle sur le coup. Je sentais que j'allais dire à ma sœur d'arrêter de me mettre plein de bêtises dans la tête, comme quoi Charlie devait être coupable de quelque chose. N'importe quoi, vraiment. « Je veux bien le comprendre, mais arrête de t'en prendre à moi, s'il te plait. » C'était tout ce que je voulais, qu'on arrête de disputer. Juste une soirée déjà, rien qu'une petite soirée.

Je sentis un énorme soulagement lorsqu'il me prit dans ses bras. Au départ tendu, je ne mis pas longtemps avant d'enrouler mes bras autour de ses épaules tout en déposant ma tête sur son torse. Je comprenais ce qu'il ressentait, je commençais à lui échapper et il avait surement peur de me perdre. En me séparant de lui, je déposai un léger baiser sur les lèvres avant de lui dire : « Je vais essayer chéri, je m'excuse encore pour ça. » J'aurai aimé que tout cela soit plus simple, que je ne sois pas partagé entre deux hommes. Ma vie était bien trop compliquée, et je ne pouvais imaginer dans quelle horreur je serai plongée si mon entourage advenait à savoir pour ma liaison. Je ne voulais pas qu'il soit blessé, il méritait surement plus que quiconque d'être heureux. Il est un mari attentionné, toujours soucieux de mon bonheur et celui d'Eliott. « Tu sais, j'ai de la chance d'avoir un mari comme toi. » Lui murmurais-je. En le rassurant, j'essayai de me persuader que tout allait bien se passer, que la situation allait se débloquer d'elle-même que la solution à mes problèmes serait évidente. Je ne pouvais pas utiliser cette excuse de stress encore très longtemps, il avait surement gobé cette fois-ci, mais il n'allait pas être dupe encore très longtemps. Devais-je lui avouer mon secret ? Lui faire comprendre ? J'étais complètement perdue, et choisir un des deux devenait plus qu'urgent. « Je ne le faisais pas exprès, ce n'est pas contre toi, mais c'est comme-ci j'avais besoin de défouler en permanence... c'est beaucoup trop dur à supporter. » Ma phrase était tout ce qui a de plus honnête, le repousser et lui reprocher des choses me permettait de garder la tête hors de l'eau, car je n'étais pas la seule à souffrir. J'étais un monstre égoïste, rien de plus, et je m'en rendais de plus en plus compte. Je voulais simplement être heureuse, et il y avait des chances que mon bonheur se trouve auprès de Peter. Niels ne pourra jamais comprendre ça, et je lui en voulais vraiment pour ça. Je pris place sur le canapé, attendant que Niels se décide à me rejoindre. « Ce soir, je te promets d'être normale... je ne penserai pas au boulot, c'est une promesse. » Je devais lui donner une chance, nous donner une chance, si je voulais des réponses à mes questions.

Il était rare que je sois autant apeuré. Il pouvait y avoir quelques types de situation : quand Eliott se fait mal et que je panique car j'ai peur que ce soit plus grave que superficielle et quand ma femme ne prévient pas qu'elle rentre tard et que j'ai peur qu'il lui arrive quelque chose de grave. On voyait souvent aux informations, des disparitions qui se terminaient souvent en découverte de cadavre. A force, il y avait de quoi psychoter et même si je faisais souvent le fier, j'avouais que certaines peurs pouvaient me prendre à la gorge. Au moins, elle était rentrée, elle était là, devant moi, ans mes bras et je sentais la peur partir au fur et à mesure des secondes qui s'écoulaient. Quelque chose en moi me disait que pourtant, ce ne serait pas l'unique fois, comme si une petite voix me disait que ça allait recommencer, qu'elle partait, qu'elle glissait entre mes doigts et qu'elle ne reviendrait pas. J'étais fou, je me faisais peur tout seul. Je sortis de mes pensées quand elle me déposa un léger baiser sur les lèvres disant qu'elle s'excusait. C'était au moins ça, car es derniers temps elle ne s'excusait pas quand elle me blessait, donc je pouvais voir cela comme un petit bonus. Elle déclarait qu'elle avait de la chance d'avoir un mari comme moi et je ne pus m'empêcher de sourire. « Et dire que tu ne voulais même pas me donner une chance au lycée et au début de l'université... J'ai bien fait d'être collant. » Déclarais-je avec un léger rire. Je me rappelais toujours de notre première rencontre, quand je lui avais demandé si elle avait besoin d'aide et qu'elle m'avait envoyé sur les roses. J'étais resté estomaqué, mais je n'avais pas lâché et à présent je savourais notre bonheur familial. Je lui avais demandé cependant d'être moins à m'attaquer pour n'importe quelle raison. J'en avais marre d'être sur les nerfs et d'attendre à chaque fois une quelconque attaque de ma propre épouse. « Okay, d'accord. Juste trouve un autre moyen de défoulement... Sport ? Pâtisserie ? » Fis-je avec un petit sourire tendu. J'espérais juste qu'elle ne le prenne pas mal, je ne souhaitais pas que ses sautes d'humeurs en pâtissent sur notre couple. Elle partit en direction du canapé pour s'asseoir et j'allais la rejoindre, m'asseyant à ses côtés. Elle me disait que e soir elle ne penserait pas au travail, que c'était une promesse. « Ca me va. Rien que nous deux ce soir. » Fis-je avec un sourire sur le visage. Je remis une une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Je propose qu'on commande à manger, qu'on reste tranquille... Qu'est ce que tu en dis ? Comment on faisait des fois avant la naissance d'Eliott quand on voulait être tranquille ? »