je crois que papa ne m'aime pas. oui, c'est sans doute pour ça qu'il est parti sans rien dire. c'est pour ça qu'il ne me rend jamais visite. je suis dans mon lit, la tête perdue dans les étoiles qui flottent au dessus de mes yeux sur le plafond d'un blanc qui vous laisse sans voix et je réfléchis. qu'est-ce que ça fait d'avoir un père ? aurais-je été meilleure s'il avait été présenté pour me border chaque soir et me faire la morale lorsque je dérivais ? est-ce qu'un jour il a pensé à me revoir ? pensait-il ne jamais pouvoir m'aimer ? je ferme les yeux et tente de faire taire toutes ces questions qui embrouillent mon esprit. peut-être qu'il est préférable que je ne le sache pas, que je ne découvre jamais la vérité. maman dit qu'on est mieux sans lui, Caleb se tait sur le sujet mais je sais que dans le fond, il est tout aussi blessé que moi. aucune fille ne devrait vivre sans connaître son père. mon père à moi, il est con. c'est-ce que tout le monde dit et c'est-ce que je m'efforce de croire. on est peut-être que trois mais, nous sommes aussi soudés que les trois mousquetaires, ça devrait me suffire. je suis sûre que je peux vivre avec. je dois vivre avec, je n'ai pas vraiment le choix. maintenant ferme-là on peut Brooklynn, arrête de toujours vouloir comprendre et dort.


je savais que je n'avais pas le droit d'y aller. j'ai même pas demandé la permission à maman puisque je savais qu'elle ne me laisserait jamais sortir. j'ai demandé un coup de main à Caleb mais, il n'était pas en mesure de m'aider. oui, il a des jours comme ça où mon frère préfère se rangeait du côté de ma mère. il dit que c'est pour mon bien, pour ma sécurité mais moi, j'ai l'impression qu'il réagit comme mon père. qu'il m'abandonne sans chercher à me comprendre. alors, je lui fais la gueule à Caleb et je vais m'enfermer dans ma chambre. je ne suis pas sortie ce soir-là parce qu'il me l'a interdit et que je savais qu'il allait me fliquer jusqu'à pas d'heures. non, j'ai attendu le lendemain soir étant donné que la petite fête avait été repoussé. je suis sortie par la fenêtre comme si de rien était. j'avais quinze ans. quinze putain d'années et je peux vous dire qu'on est vraiment con à quinze ans. la soirée était vraiment géniale. j'avais retrouvé tout mes amis et pour la première fois de ma vie, je pouvais boire à volonté et danser jusqu'au bout de la nuit sans avoir rien à me reprocher. oui, on est jeune et con à quinze ans. au final, je ne me souviens de rien si ce n'est du fait que je me suis retrouvée dans le même lit qu'un parfait inconnu au petit matin. on m'a dit que j'avais couché avec lui. je ne voulais pas le croire au début mais, à force de l'entendre, j'ai compris que c'était peut-être bien la réalité. tout de suite, je suis devenue une fille encore plus cool que dans le passé et tout le monde voulait le chanter sur tous les toits. je crois que c'est le fait d'être devenue plus cool qui a fait que j'ai réussi à m'en sortir sans trop de dégâts. ils ont tous fini par fermer leurs bouches et moi, j'ai pu avoir des remords en silence. j'ai toujours pensé que ma première fois serait exceptionnelle. je pensais que j'allais le faire avec l'homme de ma vie, celui avec qui je finirais mes jours et, je pensais que ça allait être magique. en réalité ça, c'est que dans les films. on vous fait croire que la vie est belle mais en réalité, ce ne sont que des conneries. ouais parce que généralement, on le fait avec le premier venu, lorsqu'on a pas toute sa tête et on finit par le regretter. pourtant, on perd pas espoir et on espère un jour tomber sur l'homme idéal, celui qu'on ne peut voir que dans nos rêves les plus fous. mais si le prince charmant n'existait pas ?


je ne l'aime pas ce gars. je ne l'aime pas parce qu'il me détruit petit à petit. il me consume, il me blesse, je le déteste autant que je l'aime. il est là, parmi les autres, au milieu de cette foule et pourtant, il n'y a que lui que je vois et lorsque son regard se pose sur mes yeux clairs, je sens mon cœur battre de plus belle et mon cerveau ne répond plus de rien. je détourne le regard, je ne veux pas perdre pieds, pas encore, pas une nouvelle fois non, je vaux surement mieux que ça et pourtant... pourtant c'est comme si je ne pouvais lui échapper, à chaque fois il revient à la charge et à comme toujours, je baisse les armes. c'est pas bien, c'est interdit de jouer de cette façon. ce n'est pas quelqu'un pour moi non, je pourrais avoir tellement mieux. et malgré tout, lorsqu'on m'approche, je recule d'un pas voire deux. je tourne le dos à l'amour, je ne souhaite que lui. et si c'était ça l'amour ? et si c'était ça éprouver des sentiments pour quelqu'un ? peut-être est-ce normal de se détester autant, de se haïr de la sorte. j'en sais rien, je ne comprends plus. personne ne m'a jamais expliqué alors, j'abandonne. je me sens faible et malgré cela, c'est moi qui décide. j'y mets fin quand je veux, tout comme lui d'ailleurs. nous sommes logés à la même enseigne, c'est-ce que je m'efforce de me faire dans le crâne et pourtant, pourtant j'ai l'impression d'être prisonnière, de ne pas avoir mon mot à dire. alors je m'élance vers l'inconnu. je me tire, je détruis ces chaînes et je vais ailleurs. loin, très loin, aussi loin que possible mais reviens toujours dans ses bras. quel merde. je déteste les hommes. si seulement Caleb pourrait m'aider à les comprendre.  


et je l'entends arriver au loin, chantant plus fort que la musique qui résonne dans mes oreilles. je sers un peu plus ma couette, enfonce la tête dans mon oreiller et appuie sur mes écouteurs pour faire cesser ce vacarme. je ferme les yeux un peu plus forts, comme si ceux-ci avaient la capacité de me rendre sourde et finalement, au bout de plusieurs minutes, je décide d'en finir. je soupire, désespérée, honteuse d'avoir une nouvelle fois échouée et je m'élance dans la chambre de mon frère qui, lui aussi tente de fermer l'œil. je piétine quelques peu des pieds sur le palier dans le but de lui faire remarquer ma présence puis, lorsqu'il tourne la tête dans ma direction, je lui souris légèrement, le questionnant du regard. je ne lui laisse pas le temps de dire quoique ce soit et je fonce dans son lit pour me blottir contre lui et essayer de penser à autre chose que cet stupide orage qui pourrait, d'un instant à l'autre balayer notre maison. peut-être vois-je la vie du mauvais côté, peut-être que je devrais me dire que ce n'est rien, rien qu'un bruit sourd qui disparaitra d'un instant à l'autre mais non, il n'y a rien à faire, je le vois toujours comme un danger. je suis en sécurité avec Caleb. je sais qu'il est et sera toujours le seul homme présent pour moi. oui, il m'arrive de le détester, de lui en vouloir mais, dans tous les cas, il est celui qui m'a tout appris pour ainsi dire, mon seul modèle bien que ma mère soit également toujours disponible pour ma petite personne. Caleb, c'est un frère chiant, surprotecteur et parfois autorité mais, il reste mon frère et il n'y a rien de plus important que la famille sur cette terre.