Je ne voulais pas quitter ces terres, les habitants d'ici m'ont vu naitre et grandir, c'était comme quitter des membres de ma propre famille. J'avais pourtant le parcours de ma vie en tête. Je devais étudier le journalisme dans une grande université anglaise, me marier avec Peter et fonder une famille avec lui dans la maison où je suis née à Canterbury. Mes parents voulaient briser ce rêve, à cette époque, je pensais qu'ils ne pourraient jamais comprendre ce que je ressentais, mais en réalité, ils étaient simplement réalistes. Je n'ai jamais autant pleuré que le jour où je me suis séparée de Peter, et j'ai mis plusieurs années avant de ressortir avec un garçon. Une vie « soit disant » meilleure nous attendait aux Etats-Unis grâce au niveau travail de mon père, mais je ne voyais pas les choses de la même manière qu'eux. « Ce n'est pas la fin du monde, tout ce que tu avais ici, tu pourras l'avoir là-bas en mieux. » Disait ma mère sur la route en direction de l'aéroport. « On ne remplace pas les personnes, aucun garçon ne pourra remplacer Peter. » Dis-je entre deux sanglots, bien enfoncé dans le siège en cuir. À ce moment-là, je regardai le paysage anglais défilé devant mes yeux. « Tu auras d'autres copains, crois-moi que la vie ne s'arrête pas à Canterbury. » Sa voix semblait bien loin, je refusai de les comprendre et de les croire, il était beaucoup trop tôt pour ça.

Une extraterrestre. Je me sentais comme une intruse lors de mon arrivé dans cette nouvelle école, tout était bien trop différent. Adieu les uniformes, bonjour les vêtements à la mode si tu veux t'intégrer. En réalité, il n'y a qu'une personne qui est venue m'adresser la parole ce jour-là, et j'avais été tellement surprise que je l'avais renvoyé bouler sans prendre la peine de le remercier. « Si tu veux de l'aide, je peux t'aider. » avait-il dit tout en s'approchant de moi. « Je n'ai pas besoin d'aide. » Mon ton sec venait de mettre fin à la conversation avant même qu'elle ne commence. J'avais bien des difficultés à parler à d'autres personnes, surtout aux garçons, car même s'il était mignon, je savais que je ne sentirais aucun à plaisir à converser ou encore à me lier à lui, même pour une simple amitié. Malgré tout ça, j'avais réussi à me deux ou trois vraies copines avec qui je m'entendais vraiment bien. Il n'y avait pas beaucoup d'intérêt à me construire une vie sociale dans cette école étant donner que j'allais intégrer l'université moins d'un an après mon arrivé à Rosedale.

« Tu es sûr de toi ? Je veux dire, si tu as un doute, il est encore temps de changer d'avis avant de te lancer dans tout ça. » Me répéta ma mère tout en me coiffant les cheveux délicatement. C'était le grand jour, enfin, c'est comme ça que je devais considérer mon mariage par tradition. J'étais heureuse à l'idée de m'unir avec Niels, et je vivais sur mon petit nuage depuis ma soirée de fiançailles. La confiance que j'avais placé en lui m'avait parmi d'avancer à ses côtés, d'oublier Peter et le rêve que j'avais depuis mes quatorze ans. Aujourd'hui, j'allais m'engager à rester auprès de lui jusqu'à ma mort. Tout était plus facile maintenant, lui comme moi travaillons et la société me considérait comme une adulte responsable. J'étais heureuse, il me rendait heureuse et à ce moment-là, même Peter ne représentait pas un obstacle à ce mariage. « Oui, je n'ai jamais été aussi sûr. » Dis-je dans un simple sourire.

Il était là, devant moi. Il avait changé, j'aurais pu ne pas le reconnaître, mais lui en tout cas, il n'avait pas eu de mal à me retrouver. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Lui demandais-je, assise sur la banquette du petit café. Mes yeux étaient braqués sur lui, ne réalisant toujours sa présence devant moi. « J'ai demandé ma mutation ici, je savais que je te reverrais un jour. » Il prit place à côté de moi sans me lâcher des yeux, il posa délicatement sa main sur la mienne et je baissai automatiquement ma tête pour briser le contact visuel. « Peter... Tu dois savoir que j'ai changé, enfin maintenant, je suis mariée et j'ai un enfant. » Dis-je d'une petite voix, sans vraiment montrer une quelconque émotion. « Je ne peux pas t'en vouloir d'avoir fait ta vie, je suis content de te savoir heureuse. » Il semblait sincère, mais je savais au fond ce qu'il allait se passer entre nous, je savais qu'il espérait que je renoue avec lui. « Oui, je le suis... »

Je suis dans le néant total, je ne sais plus quoi faire ou dire à présent. J'aime Niels, il avait complètement remplacé Peter dans mon esprit le jour où il m'a demandé en mariage, et la venue au monde d'Eliott n'a fait que renforcé nos sentiments. Quant à Peter, tout est différent avec lui. Il était celui qui m'avait fait rêver pendant la plus grande partie de ma vie, il était l'acteur principal de ce doux rêve que je conservais en moi depuis si longtemps. Aujourd'hui, il me donnait l'occasion de le rendre vrai. Tout est compliquer, je dois choisir entre les deux hommes de ma vie et mon premier amour.