Nice. Le sud de la France. Dans mes souvenirs je sens encore l'odeur de la lavande, je ressens encore la chaleur du soleil sur ma peau. L'odeur salée de la mer. Tout. Cette ambiance, je l'ai vécu pendant dix ans. Dix années de bonheur avant que l'année de mes onze ans, mes parents décident de se séparer. Cela aurait pu être simple, on aurait pu rester vivre dans ce pays mais... C'était sans compter que mon père était Américain. Il prit alors la décision de nous emmener avec lui dans une petite ville qui s'appelle Rosendale. Notre mère n'a pas bronché. En arrivant dans cette ville, je me sentais perdu, les gens parlaient une langue dont je ne connaissais que quelques mots. Je tenais la main de ma petite soeur devant notre nouvelle maison. « Tu vas voir, ça va aller. » Je disais ces mots comme pour m'en persuader moi-même. Elle tenait sa peluche dans ses bras. « Maman me manque. » Et moi donc. Il fallait croire ce pendant qu'on ne lui manquait pas plus que ça car... on n'avait aucune nouvelle. Le soir, dans mon lit je regardais mon plafond. Il n'y avait que des cartons dans la pièce et je tournais dans tous les sens. Le lendemain j'allais faire ma rentrée dans une nouvelle école et j'avais la trouille. Mon père avait beau dire que ça se passerait bien, j'étais terrifié. « Niels... Je peux dormir avec toi ? » Je soulevais ma couette, comme pour une réponse et elle vint s'y faufiler. On dormait ensemble de temps en temps, quand on arrivait pas à trouver sommeil. « Il faut se promettre que jamais... jamais on se quittera hein ? » Je fis un sourire. « Jamais. » Fis-je comme pour sceller un serment.

Le base-ball j'adorais, et c'était donc tout naturellement que j'avais rejoint le club du lycée. Je m'étais accommodé à cette vie étrangère après de nombreuses années et à présent j'avais un bon petit groupes d'amis avec qui j'adorais passer du temps. On était en plein match de la finale et je comptais bien que l'on gagne. Je m'étais concentré tout le long du match et au final... on gagna. Je ne vous explique même pas le sentiment de victoire et de fierté qui s'était provoqué dans mon être. J'étais fier. Très fier et c'est tout naturellement qu'on était allé fêter ça chez un des mes amis. « Tu sais que Britanny elle te veut ? » « On ne va pas faire le cliché du joueur qui sort avec la pom-pom girl. » Fis-je avec un sourire amusé. Je n'aimais pas forcément Britanny je la trouvais fausse. C'était le genre de fille à sortir avec un homme juste pour se montrer et moi je ne voulais pas ça. J'étais différent des garçons de mon âge, je cherchais l'amour avec un grand A mais il fallait croire qu'il n'arriverait jamais. C'était ma dernière année de lycée, l'an prochain je rentrerai à la faculté d'histoire et j'avouais que je désespérais. On passait la soirée à boire et à faire la fête. Je passais mon week-end sur mon lit à glander, essayant d'oublier la gueule de bois. Le lundi suivant, je fis une rencontre qui allait bouleverser ma vie entière et je ne le savais pas encore. « Je vous présente Charlie. » Elle était nouvelle. Je savais ce qu'elle ressentait la pauvre. Elle passait la journée loin des autres, comme à l'écart. Je la vis dans le couloir et je m'approchais. « Si tu veux de l'aide, je peux t'aider. » « Je n'ai pas besoin d'aide. » Tranchais-je avant de me planter. Quelle caractère ! « Ahaha mon pote comment tu viens de te faire planter ! Bon tu viens ? On va boire un coup ! » Je la regardais s'éloigner, elle était belle. Je soupirais avant de suivre mes amis.

L'agrégation n'était pas loin, le stress était à son comble. J'avais déjà réussi à avoir le diplôme pour enseigner mais je vivais l'enseignement à la faculté. J'aimais cette ambiance et je voulais inculquer le savoir que j'avais appris aux prochaines générations. Je claquais la porte de mon appartement. « Je suis rentré. » Je baillais avant d'aller m'allonger le canapé. Je passais mes nuits à travailler et à force le sommeil pesait sur mes paupières. Une tornade brune sortit alors de la salle de bain avant de me balancer une chemise sur ma tête. « Ah non ! Tu ne dors pas ! Tu n'oublies pas qu'on doit aller voir mes parents ! » Je pris la chemise avant de voir le visage de Charlie au-dessus du mien. Au final, on avait commencé à sortir ensemble quelques semaines avant la fin du lycée. J'avais ramé mais elle avait accepté, en soupirant, mais elle avait accepté. Cela faisait déjà sept ans qu'on était ensemble. Cela avait étonné tout le monde mais je l'aimais comme un fou. Elle était intelligente, sérieuse mais elle me plaisait tellement. Mon meilleur ami me disait que je devais m'ennuyer, mais pas du tout. Je grognais légèrement. « On peut pas passer la soirée rien que tous les deux ? » Fis-je avec une moue. « Non. » elle était catégorique. Cela me faisait toujours autant sourire. Je me levais pour l'attraper par la taille et l'attirer avec moi sur le canapé. « Pourtant j'avais une surprise pour toi... » « ...quoi donc ? » Elle était marrante, car elle avait beau faire la fière, elle pouvait facilement redevenir une petite fille. Je l'embrassais délicatement dans le cou. Je glissais la main dans ma poche avant d'en sortir un écrin. « ...peut-être du genre... » Je glissais ma bouche vers son oreille. « Veux-tu m'épouser ? » Je la vis surprise, pensant sans doute à une plaisanterie. Elle sourit, m'embrassa avant de dire : « Oui. »

On s'est marié il y a cinq ans et il y a trois ans, la famille s'est agrandi par la naissance d'Eliott. Un petit garçon qui rendit heureux ses deux parents. Je suis dingue de ce petit bout qui me fait sourire tous les jours. J'aurai pensé que notre bonheur familial continue et puis... Je n'ai rien compris. Depuis six mois, mon couple bat de l'aile. Une énième dispute venait d'éclater alors qu'on dinait tranquillement. « Mais qu'est ce que tu as à la fin ?! » J'étais agacé par les sautes d'humeurs de Charlie, je ne comprenais plus rien. Je ne comprenais plus pourquoi elle me repoussait. J'étais complètement perdu. Je passais une main su ma barbe naissante en soupirant. « Je ne sais pas, peut-être ta petite étudiante charmante ? » « Pardon ?! » Alors là, j'étais sur les fesses. Jamais je n'aurai ce genre de relation et j'aimais passionnément ma femme en plus. Je la regardais, les yeux grands comme des billes. « Tu crois que je te trompes ? Charlie, je ne ferai jamais ça ! Je t'aime toi et Eliott ! Ca me blesse que tu puisses penser ça ! » Elle s'était levée avant de partir dans notre chambre et de claquer la porte. Je l'entendais pleurer. Cela faisait six mois que ça durait et à force j'en avais marre. « Elle cache un truc. » Fit ma soeur alors qu'on dinait ensemble un soir. « Elle culpabilise pour quelque chose et elle cherche un moyen pour que ce soit de ta faute. » « Arrêtes de dire n'importe quoi... » Pourtant je savais que dans les paroles de ma petite soeur, il pourrait y avoir une part de vérité.