Arliss Wirth Pseudo : soft parade, manon.
Avatar : boyd holbrook.
Crédit : kidd.
Âge : vingt-huit ans.
État civil : célibataire.
Profession : ébéniste.
| Sujet: synopsie. Ven 24 Oct - 20:24 | |
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I Know What You Did Last Summer
Ed repose sa mousse sur la table, manifestement froissé. – Tu me fais chier, Jack. Jack ricane, toutes dents dehors. – Dans cette ville, personne ne t'emmerde. Laisse-moi le privilège de te faire chier, j'ai plus que ça. Ed s'essuie la bouche avec sa manche puis hausse le ton. – Personne ne m'emmerde ? Je me tape tout et n'importe quoi dans mon bureau. Les petites vielles qui chouinent, les connards qui se plaignent des mômes, et je te parle même pas de l'autre pétasse avec son chat. Jack, clope maintenant au bec, se retient de rire. – Pauvre vieux ! Que la vie d'un flic de Rosedale est pénible. Ed frappe violemment son poing contre la table. – Au lieu de te foutre de ma gueule, fais-moi venir ce maudit serveur. Jack se tourne sur sa chaise, lève le bras, hélant une serveuse. Au loin, la serveuse soupire, pose les coudes sur le comptoir du barman et lui demande un nouveau pichet de bière. Aussitôt servi, elle se dirige jusqu'à la table et le pose sèchement au milieu des autres cadavres. Ed ne relève même pas les yeux. – Merci mon brave. Jack hausse un sourcil, éclatant enfin de rire. La serveuse noircit son regard. – Mademoiselle, c'est mademoiselle. Elle se contient. Tout le monde sait dans le coin qu'il ne faut pas ouvrir sa gueule devant Ed le flic. Jack se sert une nouvelle fois. – Être gentleman, tu connais pas ? Ed écrase sa cigarette dans le cendrier. – J'ai pas le temps d'être gentleman. La fumée s'extirpe du nez de Jack. – Ma foi, tu m'as l'air bien occupé. Ed renverse maladroitement de la bière dans son verre. – De la paperasse. Je te jure, j'en viens à rêver d'un tueur en série, d'un malade, d'un névrosé qui buterait les vielles courges de ce patelin de merde. Je demande une enquête intéressante, quelque chose qui me rendrait fière de ma plaque du parfait policier. Jack fronce ses épais sourcils. – Ne rêve pas, il ne se passe jamais rien à Rosedale. C'est un putain de havre de paix. Les habitants du coin ont depuis longtemps pissé sur les ténèbres, ils ont aucune idée des ombres qui peuvent traîner en dehors parce qu'ils ne veulent pas savoir, parce qu'ils ne veulent pas sortir de leur trou. Ils l'aiment leur trou, tu vois le délire Ed ? Ed réfléchit un moment. – Je devrais peut-être me casser du bayou. Jack rit de plus belles. – Et t'irais où ? Le bayou, c'est ta vie. T'as toujours connu les marécages. T'as toujours côtoyé les bouseux. C'est ta vie, Ed, et tu t'en évaderas pas si facilement. T'es un fils de la terre, mon frère, et ça, ça ne changera jamais, même une femme de la race des célestes te ferait pas quitter ton marécage. En parlant d'une nana, bonne la nouvelle serveuse, non ? Ed se marre, amusé par l'odieuse transition de son pote. – T'as pas tord. Elle sort d'où la nouvelle ? Jack boit un coup. – C'est une dame de la grande ville, de la Nouvelle-Orléans, une petite française du vieux carré. Ed jette un coup d’œil à la jolie brune qui sert une énorme assiette de frites à la table douze. – Je devine que t'es déjà sur le coup. Qu'est-ce qu'elle vient foutre ici, la môme ? Jack fait sursauter ses sourcils. – Elle fuit quelque chose. Les étrangers fuient toujours quelque chose. Mais elle me branche la fille de l'hexagone, j'ai un peu papoté avec elle hier soir. J'y vais doucement, je me fais admirable. Ed cogne ses mains l'une contre l'autre, rit bruyamment. – Toi, admirable ? Tout le monde sait à Rosedale que t'es un clebs.
rosedale
Rosedale, selon le recensement de 2000, compte 658 habitants – un nombre qui augmente sensiblement chaque nouvelle année. Village perdu au milieu de la Louisiane, du bayou, des vielles légendes de ce bout de pays. Tout le monde connaît tout le monde à Rosedale. Les vieux regardent les jeunes d'un drôle d'air, cette jeunesse qui ne connaît rien du monde, qui flâne dans les rues et se dit céleste. Certains prendront la route, s'enfuiront ailleurs, d'autres resteront, vivront sans fin dans ce coin du paradis, peut-être effrayés par ce qu'ils trouveraient en dehors. Pourquoi vouloir quitter Rosedale ? Pour vivre, clament les enfants qui rêvent d'un nouvel univers. Sales mômes. On vit à Rosedale, tout y est tiède, moelleux, comme un nuage de printemps. Tendrement, on se laisse cajoler par la douce brise de la matinée. À Rosedale, l'inattendu a des goûts de déjà-vu. Pourtant, on aime y traîner, on aime y rêvasser, boire une bière au Molly's puis sourire aux jolies serveuses. Les étrangers, ces gens qui ont poussé leur premier cri dieu seul sait où, ne sont pas nombreux. On les observe tous poser leurs valises. On se demande pourquoi ? Pourquoi viennent-ils ici ? Pourquoi ne vont-ils pas ailleurs ? Qu'est-ce qu'ils viennent chercher à Rosedale ? La tranquillité ? L'anonymat ? Peut-être, peut-être pas ; qui sait, seulement ? Qu'importe ! La vie, éternelle, danse autour du bayou verdâtre. Parfois, elle ouvre sa gueule, semblable à celle de l'alligator, et dévore les plus excentriques d'entre-nous qui rient alors bruyamment, raffolant de la morsure, de la fiévreuse piqûre qui rend la vie à Rosedale terriblement moins paisible. |
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