wirth. daisy. dix-sept avril 1992. rosedale. célibataire.  secrétaire médicale. daisy n'a pas vraiment de réputation. ou du moins, elle n'a comme écho que les "on dit" sur les regards de travers que l'on lui lance, à elle qui ressemble trop à sa mère au goût des autres.

Elle a fait de la discrétion son manteau quand elle se dérobe sous celui de la nuit, de la mer sans vagues son tableau, son reflet dans le regard des autres, quand l'océan fait rage à l'intérieur de sa poitrine, fait s'élever la tempête dans son cœur. Un sourire vient fendre son visage, des dents blanches dévoilées lorsque ses lèvres, doucement, se retroussent, et pourtant. Pourtant, seule sa bouche sourit vraiment. Son regard, lui, brille par l'absence de cette flamme, cette étincelle de vie qui vacillait encore il y a deux ans à peine. Elle se sentait alors petite fille, poupée à la chaleur latine, quand sa mère pouvait glisser ses doigts dans ses cheveux, la prendre dans ses bras, lui faire poser sa tête contre sa poitrine, comme un enfant que l'on chercherait à rassurer contre les tuyaux, les fils, les « bips » incessants des machines auxquelles elle était reliée. Elle souriait, tout le temps, Daisy, quand sa mère pouvait encore le voir. Elle souriait avec ses dents, avec ses yeux, avec son cœur, avec son âme tout entière, comme si le simple fait d'être là était un cadeau, le plus précieux de tous. Elle savait voir tous les bons côtés de la vie, savait piocher le meilleur de chaque situation et de chaque personne pour le montrer aux autres, une main tendue vers eux, la paume vers le ciel comme un remerciement à Dieu, quel qu’il soit. Daisy n'a jamais été quelqu'un de mauvais. Elle a toujours su être à l'écoute des autres, tendre une oreille pour y cueillir les confidences, une épaule pour sécher les larmes qui roulent sur les joues, ses lèvres pour déposer sur le haut des crânes ces baisers que sa mère lui offrait, et qui semblait savoir soigner tous les maux. Mais les baisers ne sont plus là, et les maux, eux, restent. Peu à peu l'éclat a disparu, ne laissant sa place qu'à un ersatz de bonheur, pâle copie de celui qui faisait sa vie. Daisy est une comédie à elle toute seule. Une comédie tragique où les larmes s'écoulent au soir lorsque, dans sa chambre, elle vide son sac face au miroir, se faisant unique gardienne de ses propres secrets, avant de se laisser tomber sur les draps. Aussi commune son histoire puisse-t-elle être, ça ne la console pas. Daisy hurle dans sa tête, jure, s'énerve, se laisse engouffrer par la tempête qui fait rage et qui, parfois, vient fendre le masque semblant si joyeux qu'elle porte sur son visage.

kidd. faustine. selena gomez.