prépare toi chérie c'est une soirée importante ce soir. Dit-elle en caressant doucement tes longs cheveux dorés. Tu lâches un soupir qui venait du plus profond de ton coeur, de ton âme, avant de poser ta main sur l'une de siennes. Tes gestes parlaient beaucoup, beaucoup plus que ta bouche. C'était plus simple qu'utiliser de simple mots. Dans le miroir en face de toi, elle arrivait à observer la tristesse sur ton regard, la déception dans tes yeux. Ton habituel petit sourire enchanteur qui faisait de toi un ange venait de disparaître. je sais ma chérie. Un dernier geste tendre avant qu'elle ne s'installe face à toi pour te regarder droit dans les yeux. Toi, tu ne disais rien, préférant rester muette, tes yeux parlaient pour toi. Du regard tu essayais de trouver l'issue que tu cherchais depuis des jours, l'issue qui pourrait te permettre de partir loin, l'issue qui pourrait te permettre de garder ta liberté, l'issue qui pourrait te permettre d'avoir une vie normale. Elle déposait ses mains usées par le temps sur tes deux joues, comme quand tu n'étais qu'une môme. je me souviens encore des surprises que tu cachais dans tes couches. A ce souvenir tu ne pouvais que sourire. Toi aussi tu t'en souvenais comme si c'était hier, sauf qu'aujourd'hui tu vas fêter tes 21 ans, tu n'es plus cet enfant, tu n'es plus une adolescente, tu es désormais une adulte et ce soir ta vie allait prendre un autre tournant. mima, papa et maman c'était un mariage arrangé aussi ? ils ont jamais été amoureux ? jamais heureux ? Elle déposait un baiser sur ton front, toi l'enfant naïf, toi l'enfant bien trop gentil. T'étais au point de te dire que t'aurais dû faire de la vie de tes parents un véritable enfer en devenant une rebelle, en te tatouant "don't like my parents" ou en te comportant comme une véritable garce avec eux. Si t'avais su que t'allais finir comme ça, qu'ils allaient te planter ce coup de couteau, qu'ils allaient un jour faire couler les larmes sur tes joues. j'vais devoir finir ma vie malheureuse e... mais riche, une belle fille comme toi ne peut être pauvre, alors arrête de te plaindre et vas t'habiller. Ta mère venait te donner le coup de grâce. Elle était sévère, autoritaire, il fallait marcher dans son sens et pas autrement. ne discute pas. Hugo arrive dans 20 minutes, tâche d'être prête pour l'accueillir. Hugo. Entendre son prénom te donnais l'envie de vomir tes tripes, ton dernier repas, ton quatre heures. Tu avais mal au ventre, mais ce que mère veut, mère l'obtient alors tu ravales tes larmes qui étaient au bout de tes yeux pour te faire belle. Ce soir tu avais 21 ans et tu n'allais pas avoir une voiture en cadeau, mais un fiancé. Un fiancé.

alors ta première nuit avec ? je veux tous les détails croustillants. Tu posais ta tête entre tes deux mains en rigolant. Rien que d'y penser ça te faisait rire, d'un rire jaune. C'est ton devoir de fiancée de combler tous les besoins du garçon qui deviendra ton mari dans un an environ et ça te répugne. en deux minutes il s'est pas passé grand chose. Tu te mets à rire de bon coeur avec ta meilleure amie, un rire qui s'emmêlait avec le sien. Tu avais besoin de rire. Ça faisait un moment que tu n'avais pas autant ri. Quand tu rigolais tu avais l'impression de te libérer d'un poids, ce poids que tu avais sur le coeur depuis un moment, ce poids que tu avais dans le bide, ce poids qui te faisait beaucoup de mal. il s'y prend tellement mal. Ce n'était pas ton genre de parler en mal dans le dos d'une personne et avant Hugo tu ne l'avais jamais fait, mais tu en avais besoin sans vraiment le savoir pourquoi. Ça ne t'aidait pas vraiment car tu détestais clairement cet homme, tu n'avais absolument rien en commun avec lui, rien et ça t'enfonçait encore plus. on va devoir te trouver un amant super sexy. Elle jetait un coup d'oeil, toutes les deux assises sur un banc à profiter de l'air frais de Rosedale, en pointant le bout de son doigt, activant son mode radar. ton pote Luis pourrait faire l'affaire. Tu déposais un regard tendre sur Luis, au loin. Tu ne pouvais t'empêcher d'afficher ton habituel petit sourire au coin, sourire d'enfant, quand tu posais les yeux sur lui. le regard qui veut tout dire. si tu veux je l'appelle. Tu donnais un coup de coude pour qu'elle arrête de rêver. Il n'était même pas encore au courant de tes fiançailles, tes parents ne voulaient pas que ça s'ébruitent, ils voulaient faire une pierre deux coups en organisant une grande fête pour l'annoncer à toute la bourgeoisie. Tu avais supplié ta mère de ne surtout pas le faire, mais "cette soirée était aussi une occasion de montrer ma nouvelle ligne de produits". Toujours une histoire d'argent. Tu n'avais juste prévenue ta meilleure amie car tu avais besoin d'être dans la confidence avec une personne de confiance et ta meilleure amie était aussi la fille avec qui tu avais grandi. arrêtes tes conneries, c'est qu'un ami. Tu disais ça sans grande conviction à vrai dire. Tu n'avais pas envie de compliquer plus les choses. Tes fiançailles allaient être officielles très bientôt et tu ne pouvais faire demi-tour. La machine était lancée et cette fois elle était contre toi.

merci à tous d'être présent pour cette grande soirée. à votre gauche vous trouverez la nouvelle ligne de cosmétique Stark avec des échantillons, faîtes vous plaisir. à l'entrée vous trouverez des bons de commande. Bien évidemment. Tu regardais ta mère, installée sur la petite scène dans le jardin où tu avais grandi, confortablement, à côté de ta meilleure amie. Ta mère était tellement... tellement..... tellement différente de toi. Tu avais du mal à te dire que tu pouvais être sa fille biologique, tu n'avais pas hérité de ses gênes, heureusement pour toi. Tu ne voulais pas être vénale, obsédée par l'argent et le luxe et encore moins vendre ta fille pour un contrat juteux. Néanmoins tu ne disais rien, tu regardais ta mère dans sa belle robe Chanel se tenir devant tout le monde. pour un produit acheté, un cadeau offert. C'était la devise des Stark. Ta mère avait été commerciale pour des produits de beauté avant de créer sa propre marque. Elle t'avait embauché pour que tu deviennes commerciale à ton tour et puis, pour reprendre l'affaire familiale à sa retraite. souhaitons la bienvenue à ma fille Kaya dans l'entreprise Stark. Elle pointait une main vers toi et tous les regards s'en suivaient. Ils t'applaudissaient et toi tu te contentais de sourire bêtement. Tu venais de terminer tes études, t'avais eu ton diplôme très facilement et dans les prochains jours tu allais commencer à entrer dans la vie active. Ton père était fier de toi, sans forcément le montrer, mais tu le savais, tu n'étais pas devenue strip-teaseuse ou gogo alors il était surement heureux. en parlant de ma fille, je voudrais partager une grande nouvelle avec vous. C'était le moment T, elle s'apprêtait à dévoiler à toute la haute population des environs que tu étais fiancée et que vos deux familles allaient n'en devenir qu'une. Qu'un tissu de mensonge. Tu jetais un regard vers la gauche, posant tes yeux sur Luis qui était présent, avant de baisser les yeux. Hugo, Kaya, venez me rejoindre. Tu te levais assez difficilement de ta chaise, poussée par la force de ton fiancé. Tu retenais tes larmes pour faire bonne figure et affichais un sourire faux, totalement faux. Tu t'installais près de ta mère, aux côtés d'Hugo. Ton coeur n'avait jamais aussi rapidement battu, comme si tu allais faire un malaise, tu étais sûre que si Hugo ne te tenait pas tu te serais effondrée. j'ai l'honneur de vous présenter mon futur gendre, Hugo Schziter. Tu vis les flashs t'aveugler. Un flash qui allait immortaliser ce moment à jamais. Malheureusement.